Sur Arte, le 25 janvier 2001, 20 h 40, « Les Mercredis de l’histoire » : la révolution d’Octobre
En France depuis six ans, André Korliakov se penche sur la riche histoire des immigrés russes. |
En 1917, la révolution d’Octobre jetait hors des frontières de ce qui allait devenir l’URSS des centaines de milliers de réfugiés, dont beaucoup appartenaient à la noblesse, et surtout à l’armée russe. Ils se sont installés, en France, dans les grandes villes et sur la Côte d’Azur. A Paris, ils sont devenus, pour quelques milliers, ces fameux chauffeurs de taxi qui firent longtemps partie du folklore de la capitale. » Dans les années 30, il y en avait plus de trois mille, dit André Korliakov, qui termine un livre sur l’immigration russe en France. 80 % Près de 3 000 taxis russes ont sillonné les rues parisiennes étaient d’anciens militaires et, parmi eux, il y avait de nombreux officiers supérieurs de la garde impériale. Ils avaient une excellente éducation, mais leur seule profession était la guerre. Or, ils savaient conduire, certains même avaient participé à des rallyes. C’est pourquoi ils se firent chauffeurs de taxi. « |
Retraité à… 92 ans !
C’était aussi un travail indépendant qui leur donnait du temps pour travailler au retour de l’ancien régime en Russie. Mais ils devinrent des professionnels consciencieux. « Pour mieux connaître les rues de Paris, raconte André Korliakov, ils avaient construit la maquette de la capitale en plâtre, sur une terrasse, avec toutes les artères. Ils apprenaient les itinéraires en faisant circuler de petites voitures. » Dans les années 50, il y avait encore plus de sept cents taxis russes dont la moyenne d’âge frisait les soixante-cinq ans. Le dernier a pris sa retraite dans les années 70. Jusqu’à quatre-vingt-douze ans, il avait satisfait aux exigences de la visite médicale obligatoire !
Intégration réussie !
Aucune comptabilité réelle n’a été tenue du nombre de Russes qui ont émigré après la révolution de 1917. En France, on en recensait près de 90 000 en 1931, dont 11 000 naturalisés.Ces immigrés ont cru longtemps qu’ils pourraient rentrer dans leur pays, mais ont fini par s’intégrer totalement à la société française.Aujourd’hui, nombre de leurs petits-enfants représentent les entreprises françaises dans l’ex-URSS.
J.B.