« Le Grand Exode russe, Europe 1917-1939 » de la série « Émigration russe en photos, 1917-1947 » – Album IV, 2009

80,00

1600 photographies – pour la plupart inédites – du Grand Exode Russe à travers Constantinople et Gallipoli, Lemnos et Salonique, Chypre et Malte, Bulgarie et Yougoslavie, Albanie et Tchécoslovaquie, Pologne et Roumanie, Finlande et Estonie, Lettonie et Lituanie, Angleterre et Norvège, Danemark et Allemagne, Belgique et Luxembourg, France et Suisse, Italie, Monaco et Espagne dans la série l’Émigration russe en photos, 1917-1947.
Partout se formèrent des colonies russes – des Russies en miniature. Partout l’on pouvait voir des enseignes russes aux devantures des magasins et des ateliers, des fabriques et des usines, des salons de coiffure et des imprimeries. Des églises orthodoxes, des écoles, des associations, des lieux de réunion, des restaurants, des cabarets, et, partout, le flash du magnésium ou le simple clic-clac du mécanisme d’un appareil d’amateur. Tout cela finirait bientôt, et l’on aurait des souvenirs à évoquer.
Mais ce n’est qu’un début. Bientôt paraîtra la deuxième partie du Grand Exode Russe, celle qui concerne le Japon, la Chine, les Philippines, l’Australie, l’Inde, l’Afrique, l’Amérique du Sud et du Nord et d’autres coins du monde qui ont accueilli les émigrés russes.

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« Le Grand Exode russe, 1917-1939 » de la série « Émigration russe en photos, 1917-1947 »

édition YMCA-PRESS, 2009

1650 photos (N/B) – textes bilingues Français-Russe, 720 pages, 24 x 29 cm, 3,5 kg
ISBN 978-2-85065-264-6
 

Avant-propos

Qui aurait pu penser que les photographies de famille deviendraient pour de longues années des émigrées avec ceux qu’elles représentaient ?

Tous ceux qui quittaient la Russie, sans exception, ont essayé de conserver ce qu’ils avaient de plus cher et de plus intime : les photographies de leur famille et de leurs proches. Le commandant de l’Armée blanche, le baron Wrangel, s’était donné beaucoup de mal en quittant Sébastopol pour emporter avec lui des photographies et des documents d’archives. Mais, le 15 octobre 1921, en rade de Constantinople, l’Adria, un navire italien, heurta à pleine vitesse le yacht Lukull qui coula en deux minutes et s’enfonça à une profondeur de 16,5 sagènes. On ne put sauver qu’une moitié des papiers d’un grand intérêt, des icônes serties de pierres précieuses, des photographies éparses et d’autres objets personnels. Le reste disparut.

Une partie de l’armée se réfugia à Gallipoli, l’autre à Lemnos. L’escadre se dirigea vers Bizerte. Dès les premiers jours de vie en territoire étranger, on assiste à la création de laboratoires photographiques. À Gallipoli, c’est le lieutenant Paul Kritski qui dirigeait un laboratoire de ce type.

L’idée était simple : l’exil ne durerait pas longtemps, on serait bientôt de retour en Russie et, alors, dans le cercle des proches et des amis, on aurait des souvenirs à évoquer en revoyant ces photographies. Aussi les tirages se font-ils sous la forme de cartes postales à envoyer par la poste, ou même de petits blocs de photographies intitulés L’Armée russe à Gallipoli. Le baron Wrangel dispose d’un exemplaire de chaque cliché où sont fixés les moments de la vie quotidienne des troupes en exil : les baraquements des soldats, les exercices de tir, l’entraînement sportif, la pose de la première pierre et la consécration d’un monument dédié aux victimes et aux prisonniers de la guerre russo-turque et de la guerre civile, les longues files de soldats russes portant des briques pour l’édification du monument, les enfants des militaires pendant leurs jeux, la chapelle de campagne, les taudis dans lesquels certains des combattants devaient vivre, la lecture du journal mural et même une vue d’un mur décoré avec le motif du Kremlin de Moscou, afin que personne n’oublie la patrie à laquelle on avait été arraché.

Pour témoigner de la présence des régiments de Cosaques à Lemnos, les photographies de groupe qui saisissent, avec précision, légèrement de biais, environ quatre cents Cosaques devant un camp de tentes, sont des plus intéressantes. Si on les agrandit fortement, on distingue bien sur chaque visage cette grimace convulsive figée, expression du drame de l’exil.

Qu’est-ce qui les attend à l’avenir ? Éventuellement, un travail de forçat sur des chantiers de voies ferrées ou de construction de routes en Bulgarie. Sur ce thème a été réalisée une série de cartes postales intitulée L’Armée russe dans les Balkans. Ou bien la chaîne dans une usine de construction de wagons à Cannes-La Bocca, dans le sud de la France, ou à Billancourt près de Paris, dans les usines de construction automobile, Citroën et Renault. Et, peut-être, l’extraction exténuante du charbon dans les mines de Charleroi, ou les fours Martin crachant le feu, en Normandie. Dans l’ensemble, les photographies des premiers émigrés se présentent strictement comme des photographies de reportage. Voici les séances de bain et de lessive dans une rivière, les vues d’intérieur des cantines de campagne avec la ration complète de la journée et, sur d’autres photographies, le chargement des bateaux et l’embarquement pour la Serbie.

Un grand nombre de militaires, surtout parmi ceux qui n’ont pas pu terminer leurs études, à cause de la guerre mondiale suivie de la guerre civile, sont allés finir leurs études en Tchécoslovaquie. Dès qu’ils en avaient la possibilité, ils s’achetaient un appareil photo collectif. Ils photographiaient tout ce qu’ils pouvaient : les cours, les conférences, les travaux pratiques dans la nature, les excursions, les fêtes, les concerts et les soirées dansantes.

À la fin de leurs études, les émigrés russes diplômés passaient en France où les chances de trouver un travail adéquat étaient supérieures. Avant de partir, ils se faisaient souvent faire des albums assez complets sur leur vie estudiantine. Afin de minimiser le coût, ils essayaient de réunir sur une seule photo jusqu’à une dizaine de clichés grands comme des boîtes d’allumettes. Il ne fallait surtout rien oublier !

De Finlande jusqu’en France, à travers toute l’Europe, se formèrent des colonies russes – des Russies en miniature. Partout l’on pouvait voir des enseignes russes aux devantures des magasins et des ateliers, des fabriques et des usines, des salons de coiffure et des imprimeries. Des églises orthodoxes, des écoles, des associations, des lieux de réunion, des restaurants, des cabarets, et, partout, le flash du magnésium ou le simple clic-clac du mécanisme d’un appareil d’amateur. Tout cela finirait bientôt, et l’on aurait des souvenirs à évoquer. Les photos les plus impressionnantes sont celles des camps d’internement des unités de l’Armée blanche en Norvège.

Ces images montrent assez bien la vie des camps. Les émigrés qui étaient en Allemagne recevaient souvent la visite de représentants de la Croix-Rouge (d’anciens commandants comme le prince Bermont-Avaloff, des membres du clergé dont le métropolite Euloge Guéorguevsky) qui posaient volontiers pour des photos de groupe. Ensuite, le photographe exécutait des tirages. En fonction de la somme reçue, il pouvait tirer jusqu’à une vingtaine d’exemplaires.

Petit à petit, les photos ainsi faites constituaient des albums. Ceux qui regardaient la vie d’un œil lucide se mirent à se constituer des collections de photographies et d’autres documents pour les générations futures. Ce fut le cas, en premier lieu, du Centre des archives historiques russes à l’étranger à Prague, qui recueillit de nombreux originaux et des fac-similés de photographies officielles en provenance de tous les pays d’Europe. En 1928, la baronne Wrangel s’adressa aux émigrés russes et leur demanda de rassembler tous les documents qui avaient fait écho à la mort de son fils, le commandant de l’Armée blanche. Par ce geste, elle souhaitait la création d’un fonds documentaire photographique de l’Armée russe en exil.

Tous les représentants des colonies russes en Europe répondirent à l’appel et se mirent à envoyer à la mère du général Wrangel des photos et des documents avec, même, des descriptions détaillées des clichés où étaient indiquées la fonction, la profession et la situation sociale des personnes photographiées. Ces documents étaient envoyés d’Estonie par le général Alexis Konstantinovitch Baïoff. À partir de Finlande, c’est le baron Boris von Graevenitz qui envoyait ces documents à la baronne Wrangel en Belgique et aux archives russes hors frontières de Prague. En Allemagne, le major général Alexis von Lampe a amassé quelque trente mille photos d’organisations d’exilés russes, d’unions, d’associations, de comités, de réunions, de toutes sortes de rencontres et de célébrations, de fêtes religieuses, de simples photos de membres de la ROVS dont il était le président de la section locale. Toutes les photos étaient accompagnées de descriptions détaillées dactylographiées.

Hélas, l’ensemble de ces témoignages a brûlé dans son appartement berlinois au cours des bombardements. La Seconde Guerre mondiale mit un terme à cette entreprise. Les photographies et les documents personnels de ceux qui résidaient en Allemagne brûlèrent et disparurent. En Serbie, en Bulgarie, en Tchécoslovaquie, en Hongrie et dans d’autres pays, les émigrés de la première génération vivaient dans l’attente fiévreuse de la visite des services spéciaux soviétiques. De précieuses photographies et d’importants documents partirent en fumée dans les poêles et les cheminées…

Aujourd’hui, il nous faut collecter les miettes de ce qui reste et reconstituer les inscriptions, les signatures, les autographes, les dédicaces, tout ce qui était inscrit au dos des photos. Ou bien tenter de reconnaître les visages et reconstituer les liens qui reproduiront le passé.

Le présent album est dédié au Grand Exode Russe à travers les pays d’Europe. Mais ce n’est qu’un début. Bientôt paraîtra une deuxième partie : celle qui concerne le Japon, la Chine, les Philippines, l’Australie, l’Inde, l’Afrique, l’Amérique du Sud et du Nord et d’autres coins du monde qui ont accueilli les émigrés russes.

Enfin, le plus important : j’adresse ma profonde gratitude à toutes les personnes qui ont apporté leur contribution à cet ouvrage : le professeur Sergei Issakov d’Estonie, le professeur Natalia Bachmakoff de Finlande, l’historien Aleksej Arsenjev de Serbie, l’historien Nicolas Bieliavsky de Belgique, l’archimandrite Johanes Johansen, recteur de la paroisse Saint-Nicolas d’Oslo, Igor Ivanov de Russie, chef de la ROVS, l’historien Michail Talalay d’Italie et Mikhail et Viktor Montviloff de France.
Je voudrais remercier tout particulièrement l’historien Vitaly Joumenko pour sa fructueuse collaboration, Tatiana Pruzan pour sa traduction française, René Clémenti-Bilinsky pour sa relecture des textes en français, et Anatole Kopeikine pour celle des textes en russe.

Un concours inestimable m’a été apporté par les Archives nationales d’Estonie, Natalia d’Armagnac-Magaloff, Marie Apraxine, Marie Apreleff, Marie Avril, Elena Barabanova, Alexandre Barbera-Ivanoff, Katia Barkovsky, Mikhail Beklemicheff, Jean Blankoff, Daniel Blumé, Alexandre Bobrikoff, le père Boris Bobrinskoy, Marina Bobrovsky, Victoria Chistyakova, Natalia Coulon, Gérald et Jean de Pradel de Lamaze, Vladimir Delaroff, Mr Dmitrieff, Nicolas Dronnikov, Nicolas Douchkine, Nathalie Dreyfus, Alexandre Eltchaninoff, Natalia Fedorovsky, Wilfried Feichtinger, Boris Fialkovsky, Hélène Gavelle, Nikita Geliabine, Alexandre Agafonoff-Gliantseff, Yakov Golembiovsky, Nina Golovine, Cyrille Goloubinoff, Nicolas Goucovitch, Marie de Gourko, Nathalie et Nicolas Grabar, Michel Grigorovitch-Barsky, Véra Gultzgoff, Isabelle Jouve, Mr Jdanovsky, Dimitri Heering, Anne Hogenhuis-Seliverstoff, Wladimir Ianouchevsky, Marina Isenberg, André Ivanoff, Georges Ivanoff, Michel Karsky, Alik Khananié, la famille Kirsanoff, Michel Kefeli, Pierre Kolytcheff, Giselle Kostomaroff, Basil Koussonsky, Vladimir Kozlov, Elena Kryloff, Nikita Krivocheine, Anne Kropotkine, Аnna Kutyreva, Fabrice Kvartovkine, Nano d’Abo Kvinitadzé, Lev Lavroff, Anastassia Lebedeff, Olga Levchine, Igor Levenok, la Librairie russe de Sialsky, Elena Loboff, Nikita Lobanov-Rostovsky, Tatiana de Lochounoff, Igor Lopatinsky, Olga Loukine, Olga Makaroff, Alexandre Mantacheff, Georges Marschalk, Natalia Masloff, Alexis Melteff, Mr Minakoff, Valentina Moguilevsky, André Moussine-Pouchkine, Vladimir Moussine-Pouchkine, le musée des Cosaques, Thamaz Naskidachvili, Serge Nedeltscheff, Kira de Nervaux, Alexandre Nicolsky, Antoine Nivière, Jacques Noël, Maria et Alexis Nolde, Olga Odinetz, Alexandre Okorokov, Dmitri Orekhoff, Tatiana Orloff-Lemée, Michel Ozeretzkovsky, Nathalie Pampouloff, Serge Peltzer, Rostislav Pervyschine, Mme Petroff, Mr Popoff, Mr Primakoff, Dimitri Rafalsky, Boris Ravdin, Nina Rausch von Traubenberg, Pascal Romanovsky, Pierre Rosniansky, Elizaveta Roussel-Stephanovitch, Nina Ryjago, Ouliana Samarine, André Schwachheim, Mme Schvabo, Alexis Selezneff, Michel Selezneff, Mr Sokoloff, Michel Solovieff, Ekaterina Somow, Nicolas Spassky, Georges Schidlovsky, Irina Schidlovsky, Tatjana Shor, Elizaveta Soldatoff, Tamara Sozonoff, Niklaus von Steiger, Philippe Stchepinsky, Georges Strelkoff, Nikita Struve, Jean Swetchine, la famille Tchermnykh, Georges Teboul, Nicolas Tikhobrazoff, Boris Tatischeff, Elena Tcherevkoff, Marie-Nicole Totomiantz, Alexandre Vassiliev, Kirill Vassilieff, Irène de Vintcha, Nicolas Vyrouboff, Mr Volokhoff, Michel Vronsky, Irène Weriguine, Dimitri Wychnegradsky, Natalia Yagello, YMCA-PRESS, Mme Zakhariyne, Irène Zamtchaloff et bien d’autres.

Tous, généreusement et de façon parfaitement désintéressée, m’ont donné des conseils et confié leurs souvenirs. Ce livre est empli de leur savoir et de leur amour.

Andrei Korliakov

 

Emigration Russe en photos